Mais qu'importe, quand le traitement vous permet de succomber à un lumineux "Desert Raven", meilleure carte de visite du docteur Wilson :
"Gentle Spirit", un titre on ne peut plus adéquat pour un album qui fait revivre à merveille tout l'esprit d'une période révolue (la fin des sixties) et d'un lieu, le Laurel Canyon près de Los Angeles, sorte d'eden peace and love pour musiciens cools de l'époque (Joni Mitchell, Neil Young, James Taylor, The Byrds entre autres).
Comme une photo sépia mordorée, le premier album solo du quasi inconnu Jonathan Wilson, installé presque par hasard dans la région, ressuscite tout le parfum d'une musique west coast encore enivrée par le flower power, sa coolitude langoureuse et son charme boisé et acoustique (The Way I Feel) ou ses longues digressions très psychédéliques (Natural Rhapsody) :
On pourrait à juste titre lui reprocher de se tenir tellement près de ses modèles (Crosby, Stills, Nash & Young, Jackson Browne, Crazy Horse, voire Pink Floyd), dans l'écriture jusque dans le son rempli à foison d'orgues et de guitares vintage, que l'ensemble pourrait juste se résumer à un exercice de style "à la manière de", durée à rallonge de certains titres y comprise.
Un reproche sans importance quand on vous dira que ce disque est tout simplement beau. Parfois inégal, mais souvent inspiré mélodiquement (Rolling Universe, Waters Down, Magic Everywhere) et témoignant d'un vrai attachement aux vertus d'un folk grand ouvert entre tradition revisitée et hommage sincère.
Pris au jeu, l'ami Wilson recrée depuis à sa façon l'esprit d'échange et de partage du Laurel Canyon grande époque, pour des soirées inter-générationnelles entre jeunes musiciens (Vetiver, Wilco) et anciennes gloires (Graham Nash ou Barry Goldberg, un ex-accompagnateur de Dylan).
Bon témoignage de la vitalité de la jeune génération folk U.S., son élégant "Gentle Spririt" signé sur le toujours clairvoyant Bella Union est emblématique du genre, une bonne surprise à ranger entre les derniers opus de Junip, des Fleet Foxes ou des Vetiver d'Andy Cabic.
Un remède musical d'époque qui permet de reprendre sa place en douceur parmi les vivants, même si certains, je le devine, risquent de le trouver éprouvé, trop utilisé ces temps-ci et plus très neuf, mais pour ma part, toujours efficace et curatif.
Comme l'a bien exprimé chez lui l'ami Muffin Man : "Ça sent le vieux et j'aime ça", auquel je me permettrai juste de rajouter : "Et ça fait rudement de bien !"
Jonathan Wilson - Rolling Universe
1. Gentle Spirit
3. Desert Raven
4. Canyon In The Rain
5. Natural Rhapsody
6. Ballad Of The Pines
7. The Way I Feel
8. Don't Give Your Heart To A Rambler
9. Woe Is Me
10. Waters Down
11. Rolling Universe
12. Magic Everywhere
13. Valley Of The Silver Moon
♥♥♥♥
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3 titres sur la Playlist Pop
article sur télérama et un papier documenté sur Laurel Canyon chez les inrocks
Jonathan Wilson.com
bella union