samedi 29 octobre 2011

Le traitement du bon dr JONATHAN WILSON

On croirait que ce disque a été conçu exprès pour m'accompagner toute cette semaine qui m'a vu diminué par un vilain rhume. Je n'évoque pas ici mon état de santé pour me faire plaindre (d'autant que ça va mieux, merci), mais pour vous donner une idée du caractère salvateur de la musique de Jonathan Wilson, entre torpeur enfiévrée et échappée sous des cieux plus favorables, exactement comme quand votre corps et votre esprit marchent légèrement au ralenti, touchés par un méchant virus.

Mais qu'importe, quand le traitement vous permet de succomber à un lumineux "Desert Raven", meilleure carte de visite du docteur Wilson :



"Gentle Spirit", un titre on ne peut plus adéquat pour un album qui fait revivre à merveille tout l'esprit d'une période révolue (la fin des sixties) et d'un lieu, le Laurel Canyon près de Los Angeles, sorte d'eden peace and love pour musiciens cools de l'époque (Joni Mitchell, Neil Young, James Taylor, The Byrds entre autres).

Comme une photo sépia mordorée, le premier album solo du quasi inconnu Jonathan Wilson, installé presque par hasard dans la région, ressuscite tout le parfum d'une musique west coast encore enivrée par le flower power, sa coolitude langoureuse et son charme boisé et acoustique (The Way I Feel) ou ses longues digressions très psychédéliques (Natural Rhapsody) :



On pourrait à juste titre lui reprocher de se tenir tellement près de ses modèles (Crosby, Stills, Nash & Young, Jackson Browne, Crazy Horse, voire Pink Floyd), dans l'écriture jusque dans le son rempli à foison d'orgues et de guitares vintage, que l'ensemble pourrait juste se résumer à un exercice de style "à la manière de", durée à rallonge de certains titres y comprise.
Un reproche sans importance quand on vous dira que ce disque est tout simplement beau. Parfois inégal, mais souvent inspiré mélodiquement (Rolling Universe, Waters Down, Magic Everywhere) et témoignant d'un vrai attachement aux vertus d'un folk grand ouvert entre tradition revisitée et hommage sincère.

Pris au jeu, l'ami Wilson recrée depuis à sa façon l'esprit d'échange et de partage du Laurel Canyon grande époque, pour des soirées inter-générationnelles entre jeunes musiciens (Vetiver, Wilco) et anciennes gloires (Graham Nash ou Barry Goldberg, un ex-accompagnateur de Dylan).
Bon témoignage de la vitalité de la jeune génération folk U.S., son élégant "Gentle Spririt" signé sur le toujours clairvoyant Bella Union est emblématique du genre, une bonne surprise à ranger entre les derniers opus de Junip, des Fleet Foxes ou des Vetiver d'Andy Cabic.











Un remède musical d'époque qui permet de reprendre sa place en douceur parmi les vivants, même si certains, je le devine, risquent de le trouver éprouvé, trop utilisé ces temps-ci et plus très neuf, mais pour ma part, toujours efficace et curatif.
Comme l'a bien exprimé chez lui l'ami Muffin Man : "Ça sent le vieux et j'aime ça", auquel je me permettrai juste de rajouter : "Et ça fait rudement de bien !"


Jonathan Wilson - Rolling Universe


1. Gentle Spirit
2. Can We Really Party Today ?
3. Desert Raven
4. Canyon In The Rain
5. Natural Rhapsody
6. Ballad Of The Pines
7. The Way I Feel
8. Don't Give Your Heart To A Rambler
9. Woe Is Me
10. Waters Down
11. Rolling Universe
12. Magic Everywhere
13. Valley Of The Silver Moon

Jonathan Wilson. "Gentle Spirit" (Bella Union) sorti le 03 octobre 2011
♥♥♥♥
en écoute sur deezer & spotify
3 titres sur la Playlist Pop
article sur télérama et un papier documenté sur Laurel Canyon chez les inrocks
à lire chez muffin man

Jonathan Wilson.com
bella union

3 commentaires:

  1. Hello Blake.

    Jonathan Wilson, nouveau venu sur la scène folk psychédélique actuelle, à la cote. Je n'ai que très peu écouté "Gentle Spirit" mais il m'a séduit. Il n'invente rien. OK ! Mais combien d'artistes/groupes révolutionnent réellement la musique de nos jours ??
    Parmi les artistes talentueux, il y a ceux qui jouent ce qui existent déjà et il y a ceux, plus rare, qui expérimentent et innovent.
    Jonathan Wilson appartient à la première catégorie mais il le fait à sa sauce, en y apposant "sa patte", sorte de relecture du folk rock 60/70'. On y entend en échos "Harvest" Neil Young, "Déjà Vu" de C.S.N&Y, ou d'autres disques de folk bucolique et rural de l'époque....Mais sa musique a infusé ces références pour être retravaillée.
    Exercice de style, surement. Mais comme Ray Lamontagne par exemple, il y ajoute un supplément d'âme, joue et chante avec sincerité. Et ça, c'est ce qui fait la différence.
    Comme tu le dis si bien : "....c'est tout simplement beau".
    Alors Jonathan Wilson ou l'art de faire du neuf avec du vieux...et sincérité !!!
    La pochette est sympa.
    A +

    RépondreSupprimer
  2. Salut Francky. Comme tu dis, il y a une beau supplément d'âme et une vraie luminosité dans ce folk aux airs vintage.
    De la belle ouvrage avec défauts du genre (morceaux un poil longs) mais qui retrouve le parfum de l'époque, planant et insouciant. À plus ! :)

    RépondreSupprimer
  3. Hello Blake. Pour moi "Gentle Spirit" est tout simplement le disque de l'année, un hommage vibrant tant aux folkeux des 70's (Neil Young, Crosby, Stills & Nash) ou parfois même à d'auteurs plus contemporains (je pense à Elliott Smith). Bref, et tant mieux que les compos soient longues, ça n'ajoute que de la beauté en plus.
    La chronique de Jonathan Wilson est aussi disponible sur notre site www.sensationrock.net
    A bientôt

    RépondreSupprimer