vendredi 25 mai 2012

BEACH HOUSE en majesté

Il aurait été dommage, malgré l'inactivité à rallonge et la désaffection fantomatique de ce blog, son destin plus qu'aléatoire, de ne pas saluer ici la sortie de ce disque précieux. Il aurait été dommage, malgré l'affection qu'on porte à leur précédent et intime Teen Dream, de redouter l'arrivée de son successeur. Il aurait été dommage de redouter la nouvelle étape du parcours riche et exigeant d'un des groupes les plus craquants de ces dernières années.

Il aurait été fou, il EST fou, de ne pas écouter le dernier Beach House. Car écouter Bloom, leur nouvel opus, c'est déjà y succomber. Même passé à répétition depuis déjà longtemps (déjà évoqué ici), avant sa sortie officielle et plus d'une semaine depuis celle-ci, même chroniqué depuis des lustres sur toute la blogosphère, je l'affirme encore : Bloom est le plus beau disque de cette saison, voire de ce premier semestre 2012.

Ce quatrième album du duo Alex Scally-Victoria Legrand fait mieux que de préserver la grâce du cotonneux Teen Dream, il porte à un cran supérieur leur dream pop en lévitation et l'envoûtement de leur mélodies oniriques. Une vraie exploration en profondeur de la puissance de fascination qu'offre leur musique. Apparemment suite naturelle de Teen Dream, en fait TRÈS différent, plus complexe dans son écriture et beaucoup plus immédiat, Bloom confirme l'état de grâce d'un duo au sommet de son art, imposant leur suprématie.    

Une maîtrise sonore bluffante et limpidité mélodique toute entière contenue dans l'inaugural Myth, ses claviers tourbillonnants, sa guitare fascinante, son lyrisme rayonnant, le tout porté par la voix somptueuse de Victoria, au timbre envoûtant de sirène :




L'approche pop directe des chansons de Bloom, sans être trop grand public, le son dynamique offert par le producteur Chris Coady, les surprenantes poussées shoegaze des guitares d'Alex, les claviers atmosphériques et les prouesses vocales impressionnantes d'une Victoria désormais intouchable : voilà, dans le désordre, les ingrédients du fascinant breuvage dream pop délivré par le duo.

Plutôt que d'affadir son inspiration, le son de Bloom, s'il fait perdre au groupe son côté précédemment douillet, fait gagner Beach House en combativité et en force, ici plus tranchant et puissant, hissant l'art du duo à des hauteurs inégalées. Spleen tonifié (Myth), onirisme densifié (Wild, New Year), explosions de joie lumineuse ou d'humeur (merveilleux On The Sea et Wishes) : les songes turbulents de Beach House  n'en semblent que plus scintillants, aux reflets miroitants de cathédrale, mêlant en une seule galette le meilleur des fondamentaux shoegaze (Jesus & Mary Chain, Mazzy Star) ou la figure pop hantée d'une Nico :



Et surtout (ce qui est loin de me déplaire), il plane sur cet album baigné de sons et de courants maritimes, l'ombre tutélaire d'une formation au magnétisme inépuisable qui ne cesse de diffuser ses ondes bénéfiques : nul doute que Victoria et Alex se soient replongés dans le bain rayonnant des précieux Cocteau Twins pour y puiser la vigueur de leur pop lumineusement mélancolique, leur spiritualité discrète, la fascination vocale d'une Liz Fraser, le shoegaze de la guitare réverbérée de Robin Guthrie.

Réussissant l'exploit de clore leur disque de la même façon que celle des écossais naguère, sur un morceau de bravoure sonore, bombe à retardement de tension et de beauté, une Irene au lyrisme répétitif et hypnotique, zébrée de la somptueuse guitare shoegaze d'un Alex Scally déchaîné, clou d'un hypnotique parcours sonore aux airs de voyage intérieur, Beach House signe un disque addictif, vraie drogue dure pour tous ceux qui succomberont sans la moindre résistance aux doux vertiges de leur chants magnétiques :



Et ce ne sera pas vraiment une surprise pour les habitués de ces pages si je rajoute que Bloom aura l'honneur d'être le dernier disque qui sera critiqué ici. Quoi de mieux finalement que cet album majestueux pour tirer ma révérence en beauté et clore l'aventure ? Le temps est venu de savoir dire au revoir et ce sera l'objet bientôt du prochain et dernier billet.

1. Myth
2. Wild
3. Lazuli
4. Other People
5. The Hours
6. Troublemaker
7. New Year
8. Wishes
9. On The Beach
10. Irene
11. Wherever You Go (hidden track)

 
Beach House. Bloom (Bella Union/Sub Pop) Sorti le 14 mai
COUP DE COEUR ♥♥♥♥♥

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8 commentaires:

  1. Encore une belle découverte, grâce à ton blog.
    Je suis désolée que tu aies pris la décision de le fermer, même si l'activité avec laquelle je m'occupe du mien devrait me faire prendre la même décision.
    J'ai fait de très jolies découvertes ici. C'était un plaisir de suivre tes conseils.

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  2. Merci Céline, ça me va droit au coeur. Je vois que je ne suis pas le seul à devoir prendre une décison, bon courage aussi :)

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  3. Merci pour le conseil. Triste que tu décides de fermer ton blog : j'y ai fait de belles découvertes, des musiques qui m'accompagnent souvent. Mais la vie est ailleurs... Bon vent, cher Blake.

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  4. Dommage, tu aurais tant eu à dire sur le nouveau Chromatics...

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  5. Je ne vais pas être original mais je dirais aussi que c'est dommage que tu arrêtes. Je t'ai découvert via ton blog courant 2010 et de suite, le courant est passé, via de nombreux goûts communs.

    Finir ta dernière critique avec ce superbe album de Beach House est une belle conclusion doublée d'une parfaite synthèse de ce blog !!! J'attend ton tout dernier post que j'imagine puissamment sentimental.....Bonne route à toi et n'hésites-pas à venir sur le mien laisser des commentaires, tu seras toujours le bienvenue !!!!

    A + amigos.........

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  6. Dommage pour la fermeture... j'ai pu découvrir de nombreux albums en passant ici... Bonne route à toi...

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  7. Toutes les bonnes choses ont une fin paraît-il...
    ça aura été un véritable plaisir de te lire. Beaucoup de groupe (et de films aussi !) découvert ici.
    J'espère très bientôt pouvoir relire sous une autre forme des chroniques de Blake.

    Bon vent !

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  8. Mon Blake !!! les coups de mou défilent, il reste pourtant cette patine de chacun d'entre nous qui fait l'identité d'un blogueur.. ta touche à toi est intègre, tellement sincère et humaine.. en plus, tu arrives à transmettre l'envie dans tout ce flot de sorties de pop moderne très très cohérente avec tes anciens billets 80's. ça va faire un vide sur la toile.. Ceci dit, merci pour ce disque des BH que j'écoute grace à toi. Je retrouve tout dans tes impressions. Allez Blake, laisse décanter un poil..on sait jamais :DD
    BIZZ

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