samedi 31 mars 2012

La bonne hype de BRETON

On a appris à se méfier de ces buzzs et ces hypes qui accompagnent régulièrement l'éclosion de jeunes groupes. Très souvent pas justifiés du tout - rappelez-vous des inaudibles WU LYF de l'an dernier - de quoi flinguer les carrières à peine entamées de "sensations" vite ravalées au rang d'étoiles filantes.

Mais parfois on a tort, et ces emballements accompagnent bien de nouveaux espoirs à surveiller de près.
Ainsi, les anglais de Breton (ou Bretón) partent-ils avec l'inconvénient de leur concept de collectif d'étudiants en art, de leur musique enregistrée dans une banque désaffectée devenue BretonLabs. D'un EP 5 titres (Blanket Rule) assez inégal, de leur image de jeunes rebelles encapuchonnés : tout un bric-à-brac conceptuel-chic-tendance qui pourrait les faire passer pour des suiveurs de WU LYF.

Erreur ! Loin d'être dépourvu d'intérêt comme ces baudruches, le gang londonien est à l'origine d'un premier opus, sans doute imparfait, mais où se précise une des voies possibles de l'indie rock moderne. Intérêt qu'on doit à l'intrigante personnalité de leur éminence grise, le jeune Roman Rappak, étudiant en cinéma cultivé (Breton pour André Breton, le père du surréalisme) et créateur bouillonnant aux propos enthousiastes (ou l'inverse), capable, entre autres, d'efficaces brûlots pop  : 



Jeune groupe bien ancré dans son époque, Breton regarde avec confiance vers l'avenir et propose dans leur Other People's Problems à la fière allure un cocktail percutant et énergique d'électro pop, de rap haut de gamme, de dubstep ou de punk post-moderne.

Baignant dans un son martial industriel impressionnant, les petits anglais convient à la noce autant le math rock des Foals (LA référence évidence) que le post rock qui tabasse façon Battles (Wood And Plastic, Jostle) ou le hip pop à la Gorillaz, version alternative.
Avec une nette propension pour les atmosphères cinématographiques, tissées de field recordings ou samples de cordes très subtils (Pacemaker, 2 Years). Ainsi, sur The Commission, meilleur titre de l'album, au splendide climat nocturne :  


 
"J'aime le chaos" déclare Roman Rappak : voilà qui explique d'un jour parlant l'art de ce combo qui mérite mieux qu'une hype passagère. Et qui sonnera familier à ceux (les plus anciens ?) qui, à l'écoute de leur musique à la fois détonante et mélancolique, arrogante et inquiète, voient se pointer les échos post-punk de The Fall, Wire ou Wedding Present. La réussite de Breton étant d'avoir mixé le radicalisme intransigeant de ces figures historiques avec une modernité sonique digne de Bloc Party ou Four Tet.

L'avenir jugera du vrai devenir à long terme de cet album. Mais nul doute qu'il est bien une des sensations de ce début d'année signé par un des groupes les plus représentatifs (et éclairants) de son temps. 

Tracklist : 

1. Pacemaker
2. Electrician
3. Edward The Confessor
4. 2 Years
5. Wood And Plastic
6. Governing Correctly
7. Interference
8. Ghost Note
9. Oxides
10. Jostle
11. The Commission 

Breton. Other People's Problems (FatCat Records/La Baleine) sorti le 26 mars
♥♥♥♥
écouter sur spotify et deezer
lire sur la musique à papa et la gaité lyrique 
article sur magic et interview fleuve sur les inrocks

breton sur fatcat records

8 commentaires:

  1. Une découverte intéressante, je vais tâcher d'en écouter un peu plus.

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  2. A J'ai tout lu, tout vu, tout bu, on n'avait pas aimé le Blanket Rule EP qui, pourtant, avait au moins le mérite d'être original.
    http://jaitoutlutoutvutoutbu.blogspot.fr/2012/02/jai-ecoute-jai-pas-aime-breton-blanket.html
    L'album, plutôt convenu pour des gens qui prétendaient révolutionner la pop, est encore pire. Beaucoup de bruit pour rien, au final...

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  3. @Li-An : content si tu les a découvert (et apprécié) ici :)

    @Cédric : j'avais lu ton billet et lu que tu n'accrochais pas. Je te comprends pour le EP, que j'ai trouvé pas convaincant moi aussi. Pas accro forcément aux hypes passagères (quoique), je trouve l'album bien plus fort, maîtrisé et varié.
    Mais j'imagine que là, c'est vraiment affaire de goût, d'atomes crochus ou non pour leur musique. Pas fâché ! ;)

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    1. En fait, après écoute complète, je ne sais pas trop quoi en penser. Il y a des morceaux que j'aime beaucoup et d'autres qui m'agacent... Il va falloir que je prolonge l'expérience.

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    2. Perso, il y a des titres que j'aime moins que d'autres, les plus bruyants en fait et je préfére les plus atmosphériques (2 Years, Pacemaker, The Confession en tête). Mais rien qui m'agace vraiment.

      En fait, j'aime plutôt bien cet album en gros :)

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  4. Autant je respecte qu'une personne n'aime pas un artiste ou un groupe (je conçois totalement qu'on n'aime pas Breton), autant les petits merdeux qui veulent se faire connaître en trashant le "groupe du moment" ça me fout hors de moi. C'est bon Cédric, t'as posté ton lien dans tous les blogs musicaux de France et de Navarre ? C'est au moins la cinquième fois que je vois ton lien en lisant mes chroniques favorites ; va faire ta pub pour ton blog égocentrique ailleurs, merci.

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  5. j'ai trouvé cet album assez original, plutôt intéressant, voire carrément efficace par moment, mais sur la longueur je trouve que ça s'use assez vite. Pour moi c'est un groupe à single... c'est déjà pas mal tu me diras ! ;-)

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  6. @anonyme : Je peux comprendre un agacement, mais merci de garder son calme et d'éviter les règlements de compte (perso ou pas) entre lecteurs/blogueurs. Histoire de garder une bonne ambiance entre gens de bonne compagnie ! ;)

    @benoit : peut-être qu'on s'en lassera vite plus tard. Mais à l'écouter actuellement, je trouve que pour un buzz pas apprécié par tous, il a une belle unité. Et pas efficace que dans les titres forts (genre Edward The Confessor ou Jostle), j'aime bien aussi, voire plus, le côté doux de Pacemaker, 2 Years ou The Commission.

    Curieux de voir ce qu'ils donnent en scène, ceux-là ;)

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